Ce que nous souhaiterions dire de ce spectacle, c’est qu’il n’en est pas un, mais plutôt, à l’image du texte, une sorte de prière ou de méditation.
Rien n’est spectaculaire pendant cette heure passée ensemble.
Nous n’avons pas cherché à « prendre » les spectateurs, mais au contraire, comme dans certains spectacles de Büto, à leur rendre un espace de liberté.
Rilke a écrit Le livre de la pauvreté et de la mort dans une langue à la fois, élégante, concrète et concise. Bien que le sujet en lui-même soit d’une grande violence, la langue, elle, reste musicale et détachée. Ce qu’il définit ainsi, parlant du témoin qu’il aimerait être : « que mon sang mugisse plus fort que l’océan, mais que, sans aliéner, mes paroles restent tendres, et qu’elles soient désirées. »
Mais quel est donc le sujet du livre de la pauvreté et de la mort ?
C’est une conversation avec Dieu, mais à l’opposé du Dieu tout puissant des églises et des religions, avec un Dieu qui est de tous « le plus dénué de tout », « la pierre qui roule sans trouver de repos, le vent qui ne possède rien, la nudité sous la lumière. »
Un homme témoigne du monde où il vit, un monde de consommation où l’économie se nourrit elle-même au détriment de ceux qu’elle dit vouloir libérer. « Les hommes servent les sociétés et y dérivent, ayant perdu l’axe et le rythme de la vie. »
« l’argent enfle, suce toutes leurs forces, il est obèse, ils sont petits et creux.
Il témoigne du morcellement intérieur des humains, prie pour que l’homme trouve en lui-même « le fruit qui est au centre de tout…/…la grande mort que chacun porte en soi. » et une pauvreté, qui ne soit pas la misère qui exclut, mais la « grande lumière au fond du cœur » qui donna la force à François d’Assise et à d’autres de se dresser devant la société.
Alors, oui, l’important est pour nous que ces mots trouvent le chemin des cœurs et d’une amoureuse révolte. La voix dit et chantonne, le piano transmet de l’indicible, le silence résonne.
Coproduction Théâtre de l’Athanor - AMH. (Paris-Palaiseau-Le Havre)